Les premiers grands noms de la photographie africaine
FOSSO SAMUEL (1962- )
Le photographe camerounais Samuel Fosso est surtout connu pour ses « autoportraits », dans lesquels il emprunte l’identité de personnalités issues du monde politique et de la culture populaire. Samuel Fosso naît le 17 juillet 1962 à Kumba, au Cameroun. Il passe son enfance au Nigeria, mais le conflit né de la sécession du Biafra à la fin des années 1960 oblige sa famille à s’enfuir à Bangui
GOLDBLATT DAVID (1930-2018)
David Goldblatt est né le 29 novembre 1930 à Randfontein, dans la province sud-africaine du Gauteng. Le benjamin des trois fils d'Eli et Olga Goldblatt, commerçants en confection, grandit dans l'environnement éclairé d'une famille juive originaire des pays baltes que les pogroms avaient contrainte à l'émigration. D'abord inscrit à l'école primaire du couvent catholique des ursulines de Randfontein
Si la musique, la danse, la littérature, le théâtre, le cinéma et les arts plastiques africains sont depuis longtemps reconnus, ce n'est qu'en 1993, grâce à la consécration internationale du Malien Seydou Keïta, que l'Occident découvrit la photographie africaine. Pourtant, celle-ci avait été introduite sur le continent par les colons et les missionnaires peu après son invention en Europe. La découverte en Afrique noire de photographies anciennes révèle l'existence de plusieurs générations de photographes, dont la plupart demeurent inconnus.
Dès 1880, des Africains se sont installés en professionnels de la photographie. Il est possible de retracer leur histoire à partir du moment où leurs clichés ont été édités en cartes postales. Quelques chercheurs passionnés en ont commencé l'inventaire. Depuis les années 1990, Philippe David et l'association Images & Mémoire tentent de retracer cette histoire oubliée. Les travaux menés dans de nombreux pays africains avancent lentement, car les archives publiques et privées sont peu nombreuses, souvent dispersées et très mal conservées. Il est par ailleurs très difficile de consulter les rares tirages que détiennent les familles. Le manque de documents et l'absence de témoins directs ralentissent les recherches, et les publications sont en nombre très limité.
La carte postale est un document de première importance pour l'étude de la photographie du début du xxe siècle, même si elle ne représente qu'une infime partie de la production photographique. Un document exceptionnel du Congo belge, daté d'octobre 1905, représente une revue de troupes qui posent pour un Africain, scène elle-même photographiée par un Européen. Cette photographie anonyme est légendée : « Concurrence de photographes nègres ».
Un des pionniers de la photographie et de la carte postale serait un certain Akhurste, originaire de la Gold Coast (actuel Ghana), qui opérait dans le dernier tiers du xixe siècle. Il fut un des spécialistes du portrait en studio sur carte postale, ce qui est extrêmement rare. Nous connaissons de lui vingt et un portraits exceptionnels de femmes de la bourgeoisie locale.
Les premiers photographes africains sont issus de familles bourgeoises qui partagent avec les Européens le goût des nouvelles techniques et des inventions. Les pays anglophones avaient une avance très nette sur les autres pays du continent. C'est dans les grandes cités, comme Lagos (Nigeria), Accra (Ghana), Freetown (Sierra Leone) et évidemment Le Cap (qui compte plus de cent trente ans d'histoire de la photographie), que l'on retrouve les premiers clichés.
Le seul travail exhaustif disponible sur la vie et l'œuvre d'un des tout premiers photographes africains est la publication de Philippe David Hommage à Alex A. Acolatse : photographes togolais, 1880-1975. Cet ouvrage permet de retracer à travers un exemple l'histoire des premiers photographes africains. Fils de l'un des fondateurs de Lomé, le Togolais Alex Acolatse travaillait à Accra, Lomé et Lagos. Encore adolescent, il fut apprenti photographe auprès d'un maître déjà réputé à Accra – le métis Lutterodt (actif dans le dernier tiers du xixe siècle) – et s'installa dès 1900 à Lomé, où il effectua ses premiers travaux. En tant que membre d'une famille importante et aisée, comme l'étaient d'ailleurs dans leur majorité les photographes indigènes, il adhère à l'époque de la domination anglaise à l'aristocratique association des Philosophers of the Living Fire, qui semble avoir réuni les « dandys » des bonnes familles de Lomé. Alex Acolatse deviendra également un haut dignitaire de la franc-maçonnerie du Togo, un membre influent de l'Église évangélique – dont il est en quelque sorte le photographe attitré. Une photo prise par Acolatse en 1927 représente treize photographes togolais regroupés en syndicat, l'Association des photographes professionnels du Togo. Sur ces treize photographes, lui seul faisait des cartes postales. Il cesse progressivement toute activité professionnelle au cours des années 1950. Son œuvre est très diversifiée : portraitiste et paysagiste, il fixe aussi sur la pellicule la vie sociale, le culte dans les églises, l'architecture...
KEÏTA SEYDOU (1921 env.-2001)
Le photographe Seydou Keïta est né vers 1921 à Bamako (Mali), il est mort à Paris le 22 novembre 2001. Aîné d'une famille de cinq enfants, Seydou Keïta est ébéniste de métier et photographe autodidacte. En 1935 son oncle lui offre son premier appareil photo, un Kodak Brownie Flash. Devenu artisan photographe, Seydou Keïta se spécialise dans l'art du portrait qu'il réalise sur commande, en lumière
Sans titre (Portrait de Monsieur Cissoko), Bamako, S. Keïta
Seydou Keïta, Sans titre (Portrait de Monsieur Cissoko), Bamako, 1958, tirage argentique. Contemporary African Arts Collection. The Pigozzi Collection, Genève.
Crédits : CAAC/ The Pigozzi Collection, Genève
OJEIKERE J. D. 'OKHAI (1930-2014)
Le photographe J.D. ‘Okhai Ojeikere est né en 1930 dans le village d’Ovbiomu-Emai, dans le sud-ouest du Nigeria. Il quitte l’école et son village à dix-huit ans pour devenir artisan auprès de son oncle, à Ibadan. À la mort de celui-ci, sur les conseils d’une amie, il achète en 1950 son premier appareil photo, un Brownie D sans flash et apprend à s’en servir avec l’aide de son voisin.
Mkpuk Eba, J.D. ‘Okhai Ojeikere
Cette coiffure cérémonielle « Mkpuk Eba » est portée lors du rituel de passage à l'âge adulte chez les Ibibios de l'État de Cross River, dans le sud du Nigeria. J.D. ‘Okhai Ojeikere a systématiquement documenté les coiffures qu'il photographiait pour son projet Hairstyles,...
Crédits : J.D. 'Okhai Ojeikere, courtesy Magnin-A.
SIDIBÉ MALICK (1936-2016)
Les clichés du photographe malien Malick Sidibé décrivent l’occidentalisation progressive de la ville de Bamako . Malick Sidibé naît en 1936 à Soloba, au sud du Soudan français (auj. Mali). Il passe son enfance à Fulani, un village peul. Après avoir terminé sa scolarité secondaire en 1952, il se forme à la bijouterie, puis étudie la peinture à l’École des artisans soudanais de Bamako
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